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pas cessé de se continuer depuis, et nous savons aussi que dans leurs idées le Dieu Bouddha est encore vivant, à présent même, sous le nom de Grand Lama, dans la capitale du Tibet. Nous voilà donc en état de suivre et de compléter la chaîne de cette transmigration, et, en traçant, plus complètement <pie n’ont pu le faire les pères Gaubil et Giorgi, la succession de tous les personnages qui ont paru dans le monde avec la double qualité de Dieux et de Pontifes de la religion iMLmanéenne> nous pourrons noter les changemens survenus dans leur audition humaine ; car, si leur nature divine n’a rien perdu en trente siècles, suivant l’opinion de leurs sectateurs, leur fortune terrestre a éprouvé bien des révolutions, comme nous allons le faire voir en peu de mots.

Les premiers patriarches qui héritèrent de l’ame de Bouddha vivaient d’abord dans l’Inde, à la cour des rois du pays, dont ils étaient les conseillers spirituels, sans avoir, à ce qu’il semble, aucune fonction particulière à exercer. Le Dieu se plaisait à renaître, tantôt dans la caste des Brahmanes ou dans celle des guerriers, tantôt parmi les marchands ou parmi les laboureurs, conformément à son intention primitive, qui avait été d’abolir la distinction des castes, et de ramener ses partisans à des notions plus saines de la justice divine et des devoirs des hommes. Le lieu de sa naissance ne fut pas moins varié, on le vit paraître tour-à-tour dans l’Inde septentrionale, dans le midi, à Candahar, à Ceylan, conservant toujours, à chaque vie nouvelle, la mémoire de ce