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mangea. Ravi de joie, le prince des singes fesait des sauts extraordinaires, de sorte qu’il tomba par mégarde dans un puits qui se trouva derrière lui et se se noya. En mémoire de cet accident, on y fonda la place sainte des alimens offerts par le singe.

Dewa-dath, l’oncle de Goodam, lui fit ressentir de nouveau sa haine, en conduisant dans son voisinage un éléphant dompté, auquel il fit boire une si grande quantité de vin de cocos, qu’il assouvit totalement sa soif. Alors il attacha aux défenses de l’éléphant deux sabres tranchants, et lâcha l’animal ivre près de Goodam, croyant que sa rage tournerait contre l’ermite ; mais celui-ci ne fit que lever les cinq doigts de sa main, que l’éléphant le prit pour un lion et s’apaisa. Cet événement donna occasion à la fondation de la place sainte de l’éléphant furibond et dompté.

Quelque tems après, Goodam se retira dans un endroit encore plus solitaire et sauvage. Il n’y fut accompagné que de deux de ses disciples, dont l’un était le fils de son premier précepteur Chari, l’autre se nomma Molon-Toïn. Ici deux de ses antagonistes se présentèrent, Labaï-Eriktou et Ousoun-debèltou. Ils lui demandèrent avec une modestie affectée : « Goodam, quelle est ta croyance ? qui est ton institeur et de qui as-tu reçu l’ordination sacerdotale ? » Goodam leur répondit : « Je suis saint par mon propre mérite. Qu’ai-je à faire avec d’autres précepteurs ? La reliion m’a pénétré. Si vous voulez d’autres réponses, adressez-vous à mes deux disciples, ils vous instruiront. » Alors une dispute violente s’éleva