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de grains, de chardons, de miel, de figues et d’autres fruits ; encore il en usa le moins possible pour ne point être interrompu dans ses méditations sur la nature divine. Cette vie austère l’affaiblit considérablement.

Goodam reçut beaucoup de visites de ses amis qui prirent le plus grand intérêt à sa persévérance. Il poussa l’humilité si loin qu’il ne permit à aucun d’eux de l’assister ou de le servir dans la moindre des choses. Une brahmine, sa proche parente, lui porta souvent de l’herbe goucha pour renouveler sa couche ; ce qu’il ne permit qu’avec difficulté. Il céda à la fin aux prières qu’on lui adressa pour lui faire changer sa manière de se nourrir ; car il permit que la famille de Chakia fit conduire dans son voisinage un troupeau de cinq cents vaches, dont le lait était destiné à lui et à ses compagnons. Goodam, qui peu avant avait affligé ses amis par son grand affaiblissement, se remit si bien par l’usage du lait, que, selon l’expression de l’original mongol, il ressembla bientôt à une enclume polie et dorée.

Pendant que ce saint était dans le désert, il eut les visites les plus singulières. Khâkho-Mansou, le prince des grands singes, habitué à son voisinage y vint souvent le voir accompagné de sa suite. Voyant que l’on portait souvent à Goodam des présens consistant en mets et en boisson, il recueillit des gauffres de miel des abeilles sauvages et des figues, et les présenta un soir au saint pour son repas. Celui-ci les arrosa, selon sa coutume, avec de l’eau bénite et en