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tacle a toujours en France arrêté nos efforts. Nous avons manqué et nous manquons encore de caractères sanscrits, et hors d’état de produire nous-mêmes, nous ne pouvons que juger les ouvrages des autres. C’est donc un rôle dont il faut nous contenter et ce rôle est agréable à remplir quand on est appelé à prononcer sur le mérite d’un travail exécuté par M. Schlegel.

Quelques-uns de mes lecteurs étonnés de l’importance que l’on attache à ce nom de Bhagavad-Gîtâ, qu’ils ont toujours entendu prononcer avec une révérence presque religieuse, peuvent désirer d’avoir quelques notions et sur l’auteur et sur l’ouvrage lui-même. Parler de l’ouvrage est une chose bien difficile, parler de l’auteur est une chose presque impossible dans l’état actuel de nos connaissances. Je vais essayer de satisfaire, autant qu’il me sera permis, une curiosité bien légitime.

Le Bhagavad-Gîtâ, ou chant divin, qu’on appelle quelquefois simplement le Gîtâ, ou le chant par excellence, est un épisode extrait d’un poème épique indien, nommé Mahâbhârata. On y célèbre les querelles et les exploits des descendans de Bhârata, souverain de l’Inde. Telle est l’estime que l’on fait de cet ouvrage, que placé, dit-on, par les Richis dans une balance avec les quatre Vèdes, il fut trouvé plus pesant. Dans un passage de ce poème, il est rapporté que les Vèdes et les Sâstra, ou livres sacrés, étaient devenus tellement rares qu’on les croyait perdus depuis long-tems. On dit même qu’ils n’existaient plus