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ancienne de l’Orient. Ce qu’on serait tenté d’en conclure, c’est que les obstacles n’étaient pas si grands que nous les supposons, ni les contrées à traverser si peu connues. Des souvenirs de parenté liaient encore les nations de proche en proche. L’hospitalité, qui est la vertu des peuples barbares, dispensait les voyageurs de mille précautions qui sont nécessaires parmi nous. La religion favorisait leur marche, qui n’était en quelque sorte qu’un long pèlerinage de temple en temple et d’école en école. De tout tems aussi le commerce a eu ses caravanes ; et, dès la plus haute antiquité, il y avait en Asie des routes tracées qu’on a suivies naturellement jusqu’à l’époque où la découverte du cap de Bonne-Espérance a changé la direction des voyages de long cours. En un mot, on a cru les nations civilisées de l’ancien monde plus complètement isolées, et plus étrangères les unes aux autres qu’elles ne l’étaient réellement, parce que les moyens qu’elles avaient pour communiquer entre elles et les motifs qui les y engageaient nous sont également inconnus. Nous sommes peut-être un peu trop disposés à mettre sur le compte de leur ignorance ce qui n’est qu’un effet de la nôtre. À cet égard, nous pourrions justement nous appliquer ce que dit, par rapport à la morale, un des disciples les plus célèbres du sage dont nous venons de rechercher les opinions : « Une vive lumière éclairait la haute antiquité ; mais à peine quelques rayons sont venus jusqu’à nous. Il nous semble que les anciens étaient dans les ténèbres, parce que nous les voyons à travers les nuages