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militaire de prendre des renseignement exacts sur tout ce qu’il leur importait de savoir. Ceux-ci ayant été aux informations, revinrent bientôt apprendre aux deux amis que la personne en question était la fille du major Tchao, alors âgée de seize ans ; que non-seulement elle était douée de toutes les qualités extérieures, mais qu’elle possédait la science des livres et des relations sociales ; qu’elle savait composer en vers et en prose ; qu’enfin c’était elle qui tenait toute la correspondance particulière et officielle du major son père.

À cette nouvelle, Lieou-thsing ne fut pas maître de sa joie ; « Quelle rencontre », s’écria-t-il ! « En voyant la tournure élégante et la physionomie gracieuse de cette jeune fille, j’ai jugé qu’elle devait avoir un esprit supérieur, et voilà mon pressentiment vérifié.

— Mais pourquoi faut-il que je sois dépourvu de talent, et ne puisse réussir dans la carrière des lettres. Mon incapacité met un abîme entr’elle et moi. »

Hoa-thian observa que la fille d’un major n était pas un si beau parti. « Issu comme vous l’êtes », dit-il à Lieou-thsing, « des premiers rangs de la magistrature civile, ce serait ravaler la robe jusqu’à l’épée que de vous allier à la famille du major ; je ne vois donc pas que vous ayez grand sujet de vous réjouir. Cependant si vous avez ce mariage à cœur, je vous promets d’en faire mon affaire, et de m’entremettre pour vous. Mais ce n est pas là ce qui doit nous occuper aujourd’hui ; je vous prie donc d’aban-