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La voiture principale s’arrêta au plus bel endroit du jardin ; aussitôt les femmes qui en formaient le cortège mirent pied à terre, et s’étant approchées de cette voiture, aidèrent une jeune demoiselle à en descendre. Elles l’environnèrent ensuite, et l’accompagnèrent dans tous les lieux où il y avait de belles fleurs à voir.

Lieou-thsing avait cru d’abord que c’était quelque matrone de haut parage, et ne songeait point à se déranger pour l’aller regarder. Mais en passant dans sa chaise derrière le bosquet où était Lieou-thsing, la jeune fille avait vu le beau jeune homme assis et buvant seul. Elle avait été frappée de sa bonne mine. Dès-lors la nécessité de parcourir avec ses femmes toutes les parties du jardin lui paraissait insupportable. Elle arriva cependant près du bosquet où Lieou-thsing était assis, et s’en étant approchée pour considérer les fleurs qui l’environnaient, elle fut aperçue par le jeune homme qui reconnut en elle une fille de quinze ou seize ans.

En la voyant, Lieou-thsing se dit avec étonnement ; « Je n’aurais jamais cru qu’il y eût dans l’empire une aussi charmante personne. » En même tems il allait se lever pour l’envisager de plus près ; mais à la vue des soldats qui l’environnaient au loin, il reconnut que la jeune demoiselle était une personne de distinction, et craignant de s’attirer quelque affaire par un empressement indiscret, il concentra son admiration. Toujours assis, il la regardait à la dérobée, mais il tremblait quelle ne s’éloignât, et qu’en res-