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mait le Champ des fleurs. Une belle femme y avait été enterrée, et depuis lors le sol de ce champ avait produit comme de lui-méme une espèce de jasmin dont l’odeur était d’une suavité extraordinaire. L’on était précisément au tems où les fleurs venaient de s’épanouir. Pouvait-on se dispenser d’aller voir ce beau lieu ?

Les deux amis convinrent donc d’y faire un tour ; mais au moment où ils sortaient, Hoa-thian reçut l’ordre de se rendre au quartier-général pour délibérer sur une affaire pressée. N’ayant aucune raison plausible de s’en dispenser, il pria Lieou-thsing de le devancer au Champ des fleurs, et promit de le rejoindre aussitôt que l’affaire serait expédiée. Il partit ensuite avec les messagers du gouverneur.

De son côté, Lieou-thsing, suivi de ses gens, se dirigea vers l’occident de la ville. Parvenu au Champ des fleurs, il vit effectivement un lieu rempli de fleurs, et fut délicieusement affecté de leur parfum.

« C’étaient partout d’épais ombrages, partout des bouquets d’arbres odorans. »

« Ne vantez ni la verdure des feuilles, ni le pourpre des fleurs ; »

« Ne dites rien du parfum pénétrant, rien de la blancheur native des fleurs de jasmin ; »

« Mais dites qu’un corps de neige et des ossemens de jaspe en furent la semence ». [1]

Charmé de l’odeur des jasmins, Lieou-thsing alla

  1. Ces quatre phrases répondent à autant de vers du texte chinois.