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elle mit au monde deux enfans, ma sœur et moi. »

— À cet endroit du récit, Hoa-thian ne put s’empêcher d’interrompre Lieou-thsing par un éclat de rire, et frappant ses mains l’une de l’autre, « hà ! hà ! », dit-il, « voilà une merveilleuse grossesse… mais à ce compte vous avez donc une sœur ? »

Lieou-thsing s’aperçut alors de l’indiscrétion qu’il avait commise, et se rétractant aussitôt, « il n’est question que de moi », dit-il ; « de quelle autre voulez-vous parler ? ».

Hoa-thian, n’ayant pas en ce moment la jouissance de toutes ses facultés, crut qu’il avait mal entendu et en demeura là. De son côté, Lieou-thsing témoigna le désir de se retirer… [1], et son hôte chargea quelqu’un de le conduire dans la bibliothèque où il devait passer la nuit. Lieou-thsing se retira en disant : « Je suis reconnaissant des grâces que j’ai reçues. »

Le lendemain, Hoa-thian et Lieou-thsing se trouvèrent dans une harmonie si parfaite, que déjà ils ne pouvaient plus se passer l’un de l’autre, soit pour boire à l’hôtel, soit pour aller se promener hors des murs. Ce même jour Hoa-thian vint à parler d’un lieu situé à l’occident de la ville, et que l’on nom-

  1. Hunc locum altéra provisio moralis, ut ita dicam, in sinensi textu occupat. — « Quum eodem hospitio commoremur », ait Hoa-thian, « officii mei nunc esset te usque in cubiculum tuum comitari ; sed cum nativa venustate mirum in modum eniteas, timerem ne quam pravi animi suspicionem excitaremus ; ideo non ausim… » Jussit igitur famulum comitari Lieou-thsing-um etc.