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— « Profitons de nos loisirs pour causer en paix », dit Hoa-thian. « Puisque la connaissance est faite, et que nous sommes réunis, livrons-nous aux rêveries qui délassent l’esprit. Un bon moyen de nous entendre est de boire gaiement ensemble durant la dixaine. Dans cet intervalle, nous trouverons, je l’espère, autre chose à nous dire ».

Aussitôt il se leva, et après avoir dit au vieux domestique de porter le bagage de son maître dans la chambre des hôtes, il conduisit Lieou-thsing dans la sienne pour y boire avec lui. Les deux amis s’étant établis dans l’appartement intérieur, et le vin ayant été apporté, ils commencèrent à boire ensemble. Tout en buvant, ils causèrent un peu de la littérature, de la poésie et des convenances sociales ; un peu des affaires du siècle et de l’empire de la faveur : un peu des charmes de la campagne, de ses fleurs et de ses saules, de ses montagnes et de ses eaux. Chaque demande obtenait une réponse immédiate, et la conversation marchait avec un parfait accord. Lorsqu’ils furent à demi ivres, Hoa-thian dit en souriant ; « J’ai une pensée dont l’expression vous paraîtra peut-être un peu hardie. Si je ne craignais d’offenser votre délicatesse, je vous demanderais la permission de vous la communiquer ».

— « Entre gens qui se connaissent assez pour causer familièrement ensemble, comment peut-on craindre de déclarer sa pensée ; et que signifie l’embarras où je vous vois ? »

— « Puisque vous voulez bien ne pas me faire un