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« Je suis dépourvu de talent », dit Lieou-thsing ; « je n’ai pas encore pu m’élever au premier grade. Depuis la mort de mon père, j’ai été constamment en but à l’injustice des hommes. Ces jours passés, si votre force n’était venue à mon secours, j’aurais été maltraité infailliblement. En venant vers vous aujourd’hui, je n’ai pas été mu par le seul besoin de vous rendre des actions de grâces pour les bienfaits déjà reçus ; j’élève mes regards vers les hauteurs de votre talent, et je souhaite de m’appuyer sur votre table, dans l’espoir que vous voudrez bien m’aider de vos conseils. Si je puis m’approprier le superflu de votre esprit, la faveur dont j’aurai joui près de vous n’aura point été temporaire, mais elle s’étendra sur toute ma vie. »

— « Monsieur », répondit Hoa-thian, a ne poussez pas si loin l’humilité. Étant dans votre jardin, j’eus lieu de vous écrire, et alors je n’aurais pas osé prétendre à une réponse sur mes rimes. J’ai pourtant eu l’honneur d’en recevoir une où vous m’avez prodigué les plus doux parfums, et où votre bienveillance s’exprime avec tant de grâces, que vous rendez vos lecteurs confus de leurs propres écrits. Doué comme vous l’êtes d’un si beau talent, ce n’est pas avec un ami qui vous connaît et vous apprécie, que vous devez chercher à vous rabaisser. »

— « En vous priant de m’aider de vos conseils, je forme un vœu bien sincère, et j’exprime un besoin bien réel. Monsieur, douter ainsi de ma bonne foi, c’est repousser mon amitié ».