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Après quelques instans d’une admiration muette, il s’avança vers lui, et d’un ton moitié respectueux, moitié amical, « M. Lieou », lui dit-il, « a donc bien voulu descendre vers moi des régions célestes. »

— « Je suis accouru de toutes mes forces », répondit Lieou-thsing, « mais c’est seulement de cet instant où j’ai le bonheur de contempler vos traits, qu’on peut dire que j’ai atteint les célestes régions. »

Charmés l’un de l’autre, les deux amis gagnèrent le salon au milieu d’un échange continuel de complimens et de sourires. Lorsqu’ils furent entrés, Hoa-thian allait s’acquitter des devoirs d’usage envers Lieou-thsing ; mais celui-ci le prévint. Il ordonna au vieux domestique d’étendre un tapis rouge sur le plancher, et de placer un siège sur le tapis, puis s’adressant à Hoa-thian :

« Avant que nous nous fussions vus », dit-il, « votre divine amitié est venue à mon secours, et m’a sauvé des malheurs dont j’étais menacé. Depuis lors ma mère et moi avons sans cesse présente à l’esprit la grâce insigne que vous nous avez faite, et dont nous conservons une reconnaissance profonde. C’est pourquoi j’avais ordonné à notre vieux serviteur de vous inviter à revenir chez nous, afin que je pusse vous exprimer une partie de ce que je ressens. Malheureusement pour moi, l’urgence des affaires publiques vous obligea de retourner en toute hâte à Canton. Dès ce moment je ne pouvais ni manger le jour, ni dormir la nuit. Aujourd’hui, je viens principalement pour vous offrir l’hommage de ma recon-