serviteur d’accompagner son fils et de se faire suivre des deux jeunes gens attachés au service de la bibliothèque.
Au moment du départ, Mlle Lan-iu[1] recommanda la discrétion à son frère. « Je regarde », lui dit-elle, « le seigneur Hoa-thian comme un homme d’un grand mérite, comme un homme de cœur et d’esprit. Quand vous serez avec lui, gardez-vous bien de lui laisser entrevoir ce qu’il doit ignorer. »
— « Je saurai me taire », répondit Lieou-thsing, « et garder votre secret en ce qui dépendra de moi. Mais si, après avoir lu vos vers, il veut me mettre à l’essai, mon ignorance paraîtra au grand jour ».
Cette observation fit sourire la jeune fille, et Lieou-thsing s’étant levé partit accompagné de ses gens.
Cependant Hoa-thian, ramené à Canton, avait été accueilli par le général Sang de la manière la plus honorable. Du reste, le général ne songeait aucunement à exécuter le plan de campagne de son jeune conseiller en attaquant les brigands dans leurs forts. Une expédition aussi hardie était trop au-dessus de son courage, et puis les circonstances avaient changé. Les bandes qui étaient venues au pillage peu après le départ de Hoa-thian, ayant eu la retraite coupée, grâce aux documens trouvés dans son mémoire, les brigands intimidés par cet échec n’osaient plus se montrer dans la plaine, et la tranquillité dont on
- ↑ Sœur de Lieou-thsing. Elle avait composé pour son frère une réponse en vers à une lettre de Hoa-thian.