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avait puisé ses opinions, et où, suivant les autres, il les avait enseignées. — En recherchant les détails de sa vie, j’ai rencontré beaucoup d’autres traits merveilleux qui lui sont attribués par les sectaires ignorans et crédules, qui s’imaginent pratiquer sa doctrine. Ainsi, comme ils ont admis le dogme de la transmigration des âmes, ils supposent que celle de leur maître, quand elle vint animer son corps, n’en était pas à sa première naissance, et que déjà précédemment elle avait paru plusieurs fois sur la terre. On sait que Pythagore prétendait avoir régné en Phrygie sous le nom de Midas, qu’il se souvenait d’avoir été cet Euphorbe que blessa Ménélas, et qu’il reconnut dans le temple de Junon, à Argos, le bouclier qu’il avait porté au siège de Troie. Ces sortes de généalogies ne coûtent rien à ceux qui les fabriquent. Aussi celle qu’on a faite à Lao-tseu est-elle des plus magnifiques. Entre autres transformations, son âme était descendue bien des siècles auparavant dans les pays occidentaux, et elle avait converti tous les habitans de l’empire romain plus de 600 ans avant la fondation de Rome.

Il me parut que ces fables pouvaient se rapporter à l’origine des principes enseignés par Lao-tseu, et peut-être offrir quelque souvenir des circonstances qui les avaient portés jusqu’au bout de l’Asie. Je trouvai curieux de rechercher si ce sage, dont la vie fabuleuse offrait déjà plusieurs traits de ressemblance avec celle du philosophe de Samos, n’aurait pas avec lui par ses opinions quelque autre conformité plus