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dialectes des provinces limitrophes, termes aussi inintelligibles et aussi inconnus pour moi que les premiers. Puis viennent encore de plus longs détails sur le dialecte gordien, usité, à ce qu’il assure, à la cour des anciens rois arméniens. M. Cirbied affectionne ce dialecte, dont jamais les Arméniens n’ont entendu parler. Partout il se montre parfaitement instruit de l’état antique de notre langue ; il paraît connaître jusqu’aux moindres circonstances des évènemens antiques ; ses récits pourraient suppléer au silence de tous nos historiens. Pour l’arménien vulgaire, il est moins riche ; son livre ne présente que les notions les plus ordinaires. Je n’en suis point étonné, puisque M. Cirbied, à ce qu’il dit lui-même, a quitté l’Arménie fort jeune, et que depuis il n’a vu des Arméniens qu’à Rome, à Livourne et à Paris. Comment se fait-il, après cela, qu’il sache tant de particularités sur l’état de la langue dans les siècles antérieurs ? Tant d’abondance d’un côté et de stérilité de l’autre, doit exciter la surprise des savans ; aurait-il craint d’être plutôt contredit pour l’un que pour l’autre ? Comme il ne cite aucune autorité pour garantir les faits anciens qu’il allègue, et que ces faits sont restés entièrement inconnus dans la littérature arménienne, il faudrait de deux choses l’une, ou admettre que M. Cirbied a été contemporain des tems et des évènemens dont il parle : peut-être par révélation, ou bien qu’il a imaginé les faits qu’il rapporte. Nous prendrons ce dernier parti, en attendant qu’il ait fourni quelques bonnes preuves en faveur de toutes ces assertions extraordinaires.

Nous ne quitterons cependant pas ce sujet sans faire