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attendre de dessinateurs chinois ; un peu plus anciens qu’Abraham. Depuis cette invention, on semble s’être occupé d’en corrompre les formes, plutôt que de les perfectionner. Mais du moins, on en a conservé le fonds intact, tout en les multipliant par d’innombrables combinaisons. Le nombre primitif des images est resté le même, et c’est, rigoureusement parlant, avec le peu de signes imaginés par leurs sauvages ancêtres, que les Chinois modernes ont trouvé le moyen de satisfaire aux nombreux besoins d’une civilisation perfectionnée.

J’ai pensé que le catalogue de ces signes primitifs, qu’on ne s’était jamais occupé d’extraire et de réunir, pouvait offrir plus d’un genre d’intérêt, et j’ai mis sous les yeux de l’Académie cet antique vocabulaire figuratif, qui contient à la vérité de très-mauvais dessins, mais qui nous présente des monumens d’un genre tout particulier. Appliquent ensuite à ce catalogue les idées que j’émettais et commençant, j’ai cherché si, par la nature des signes qui s’y trouvent, et de ceux qui ne s’y trouvent pas, on pouvait tirer quelque induction sur l’état moral et le degré de civilisation où devait être parvenue la tribu dont ces signes ont formé, pendant un tems, toute l’écriture, et pour ainsi dire l’encyclopédie. Le nombre seul de ces signes est déjà un objet d’étonnement, car il ne passe pas deux cents. Sans doute, avec deux cents images, les premiers Chinois ne composaient pas de livres ; ils n’écrivaient pas encore d’annales, ni même de romans cosmogoniques. Peut-être aussi n’est-ce