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l’imaginait Leibnitx, qu’on jetterait beaucoup de jours sur l’état antique et la marche progressive des opinions religieuses et scientifiques, sur l’âge des principales inventions, sur l’origine et la communication des croyances, des usages, des lois, enfin, sur tout ce qui constitue l’histoire morale des nations. Ce serait là, sans doute, un résultat assez remarquable de ces études étymologiques que des esprits superficiels ont tournées en ridicule, parce qu’ils n’en sentaient pas l’importance, qu’ils n’en voyaient pas l’objet, et que, s’il faut le dire, ceux qui s’y sont livrés avec le plus d’ardeur ne l’ont pas toujours vu très-nettement non plus.

L’opération dont je viens de parler n’est guère praticable à l’égard des langues où l’écriture alphabétique, appliquée de bonne heure et exclusivement à l’expression des sons, a permis de suivre les transformations que les mots subissent en s’allongeant ou en s’accourcissant, en se grouppant et se confondant les uns avec les autres. Mais la même opération est possible et même facile à exécuter sur L’écriture d’un peuple qui, depuis les premiers tems jusqu’à présent, s’est attaché à peindre les objets, au lieu de représenter des sons. Les Chinois sont ce peuple : il y a bientôt quatre mille ans qu’ils se sont avisés de tracer des figures d’hommes, de chevaux, de chiens, de montagnes, des toits, des arbres, des herbes, et d’exprimer leurs idées avec tout cela. Ces figures, comme on peut le croire, étaient fort grossières dans le commencement ; elles étaient telles qu’on peut les