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autre idée, qu’on peut exprimer ce qu’on rend ailleurs par des désinences. Comment soumettre ensuite à nos méthodes, des caractères dont les sons n’ont entre eux aucun rapport, et qui ne peuvent par eux-mêmes se ranger dans aucune de nos parties du discours, qui tous ou la plupart peuvent être verbe ou nom, substantif ou adjectif, sujet ou régime, singulier ou pluriel, etc., etc., sans aucun changement dans leur forme extérieure ? La langue chinoise est tellement dépourvue de mots pour exprimer ces expressions techniques, destinées à exprimer les modifications de la pensée humaine, qu’il serait impossible à ce peuple de traduire nos ouvrages grammaticaux. On sent bien, malgré cela, que ces modifications n’existent pas moins dans leur langue : puisque leur existence est indépendante de toute expression prononcée ou figurée, on doit nécessairement les retrouver dans l’enchaînement de leurs sons et de leurs caractères, sans quoi il leur serait impossible de s’entendre ; ce qui, quoiqu’on en dise, n’est pas plus difficile en Chine que chez nous. Il doit y avoir des moyens de déterminer quand un caractère est employé dans tel ou tel sens ; ce qui ailleurs s’exprime par des changemens de sens ou de son, doit être exprimé ici par un ordre de position plus rigoureux, plus invariable, ou bien par des adjonctions de caractères. Effectivement, les Chinois font usage de l’un et de l’autre moyen, dans la composition de leurs phrases. C’est faute de connaître toutes les règles usitées en pareil cas, et qui sont bien plus rigoureuses que dans