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pouvaient trouver place dans une dictée naturellement restreinte aux objets les plus essentiels, il n’a fait que céder aux vives sollicitations des personnes qui suivent ses cours. M. Abel-Rémusat a eu pour but, en composant sa Grammaire, de faire connaître tout ce qui constitue l’ensemble de la langue et de la phraseologie chinoises, soit pour le style antique, soit pour la langue parlée, en appuyant tous ses préceptes sur des autorités prises dans les écrivains originaux, et non, comme ses devanciers, en se servant de phrases faites exprès. On concevra sans peine toutes les difficultés qu’il a fallu surmonter, tous les travaux qu’il a fallu entreprendre, pour exécuter un pareil ouvrage, quand on n’a devant soi aucun modèle, et qu’il s’agit de soumettre à une suite de règles intelligibles pour nous, une langue aussi différente de nos idiomes que l’est la langue chinoise.

En effet, quoiqu’une bonne grammaire soit, généralement parlant, une chose très-rare ; cependant, pour des langues qui procèdent comme la nôtre ou à peu près, et qui, pour exprimer toutes les modifications de la pensée, ont recours à des désinences ou à des prépositions dont l’emploi est facile à déterminer, du moment qu’on possède un traité où on est sûr de les trouver toutes, on est toujours sûr de parvenir plus ou moins promptement à l’intelligence des textes originaux. Il n’en est pas de même pour le chinois. Les caractères de cette langue, comme on sait, n’expriment pas des sons, mais des pensées ; ce n’est donc que par la réunion d’une ou de plusieurs idées à une