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n’y voit rien de systématique, rien qui puisse méthodiquement aplanir les difficultés que présente l’intelligence des textes originaux. On y sent trop l’influence des interprètes chinois, qui, quelles que soient d’ailleurs leurs connaissances pratiques des deux langues, sont tellement dépourvus d’idées logiques, qu’il est impossible d’en tirer rien de clair et de précis, et qui soit d’une véritable utilité. Ce que je dis là n’est pas particulier aux Chinois ; c’est une grande erreur de croire qu’il faille s’adresser aux indigènes de l’Orient, pour en obtenir des notions utiles sur le mécanisme de leur langue. Comment pourraient-ils enseigner la grammaire, quand ils ignorent même l’existence de cette science ? Aussi, tous les ouvrages grammaticaux qu’ils ont publiés pour l’instruction des Européens, sont-ils tous mauvais ou inutiles. Chez eux une aveugle routine tient lieu de tout.

Il est donc très-vrai de dire, qu’il n’existait réellement aucun ouvrage qui pût méthodiquement faire connaître toutes les règles propres à la langue chinoise, à ceux qui veulent se livrer sérieusement à l’étude de sa littérature. C’est cette lacune que M. Abel-Rémusat s’est proposé de remplir, et je crois qu’il a complètement réussi. Le savant professeur a déjà pu, par une expérience de cinq années dans ses cours du collège de France, apprécier la bonté de sa méthode. L’abrégé de sa Grammaire est, depuis plusieurs années, entre les mains de tous ses auditeurs. En consentant à la publier avec tous les développemens qu’il a jugés convenables, et qui ne