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Fourmont, il est vrai, a voulu remédier à ce défaut ; mais comme il s’est trompé plus d’une fois dans cette opération, l’ouvrage original ne s’est pas amélioré entre ses mains.

Ce n’est pas tout : le traité du P. Varo, comme on a déjà pu le voir, n’est destiné qu’à donner une idée de la langue vulgaire usitée en Chine ; il n’est nullement convenable pour procurer l’intelligence des livres. De plus, selon le mauvais système établi parmi les missionnaires qui composaient alors des grammaires de langues orientales, le P. Varo s’est borné à prendre pour base de son travail une grammaire latine : il a choisi celle de Nebrixa, de sorte qu’il nous présente des formes, des phrases, des locutions latines, exprimées d’une façon telle quelle par des mots chinois. Les savans anglais qui ont publié récemment des grammaires chinoises, bien supérieures à tous égards aux copies du P. Varo, ne sont pas tombés dans cette erreur, mais peut-être l’ont-ils remplacée par une autre, et ce n’est pas sans raison qu’on pourrait leur reprocher d’avoir substitué des anglicismes à des latinismes. Leurs ouvrages, quoique très-considérables et très-riches en phrases chinoises, ne paraissent pas non plus pouvoir remplir l’objet que se proposent les personnes qui veulent acquérir une parfaite intelligence des auteurs chinois. Ils peuvent être fort utiles aux interprètes, aux marchands, aux employés de la compagnie des Indes, qui veulent se faire entendre des gens de Canton pour leurs affaires commerciales. Ce ne sont pas là de vraies grammaires ; on