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En m’approchant, je reconnus mes courageux collègues, Gambon et Ferré, décidés à n’abandonner cette position qu’après l’avoir vaillamment défendue.

Ferré me rassura sur le sort des papiers que je venais chercher : ils avaient été enlevés et placés en lieu sûr. Je n’avais donc plus à me préoccuper à ce sujet.

Je quittai alors mes deux collègues après leur avoir donné rendez-vous à Belleville, où je me proposais de rejoindre mes admirables et dévoués collaborateurs de la délégation aux Finances.

J’avais trop compté sur mes forces. En remontant la rue du Chemin-Vert, je sentis qu’il m’était impossible de continuer ma route. J’étais brisé de fatigue. Depuis six jours, je n’avais pris que quelques heures de repos, et la marche que je venais de faire m’avait achevé.

Je demandai une chambre dans le premier hôtel que je rencontrai, et, sans me soucier du danger que je pouvais courir, je m’endormis sur un véritable grabat, au cinquième étage de l’hôtel.

Vers quatre heures, je fus brusquement réveillé par le bruit épouvantable produit par les obus qui tombaient sur le Mont-de-Piété, la Roquette et la rue du Chemin-Vert. Les troupes de Versailles avaient tourné le XIe arrondissement et se préparaient à l’occuper.

Je dus me résigner à attendre les événements, bien persuadé que j’échapperais difficilement aux recherches qui allaient, sans doute, être faites.