Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les soldats de l’humanité luttaient encore, disputant pied à pied, un contre dix, le sol de la grande cité.

D’immenses lueurs éclairent le champ de bataille. Les Tuileries brûlent ! La Préfecture de police, la Cour des Comptes, le Conseil d’État, la Légion d’honneur incendiés étendent sur la ville vaincue un suaire de flammes et de fumée.

Partout le crépitement incessant de la fusillade mêle ses sifflements au grondement formidable des canons.

Paris semble un immense bûcher dressé pour anéantir les apôtres et les défenseurs de l’idée révolutionnaire.

Tous sont là, réunis. En ce moment suprême, les divisions ont cessé. Un même cœur bat dans toutes ces poitrines, un seul sentiment anime ces vaincus : ils veulent rester dignes de la grande cause pour laquelle ils ont combattu.

Trente membres de la Commune sont assemblés à la mairie du XIème arrondissement. Au milieu d’eux, Delescluze, donne l’admirable exemple de son indomptable énergie.

Quarante ans il a lutté pour la justice et la liberté ; pendant quarante ans il a tout sacrifié à sa foi républicaine.

Entré en 1830 dans la mêlée révolutionnaire, il n’en sortira plus ; sa mort même restera comme le symbole du dévouement aux principes pour lesquels il a toujours combattu et souffert.