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Personne d’entre nous, à cette époque, ne savait assez d’anglais pour soutenir une conversation suivie, le capitaine ne savait pas un mot de français ; ce fut donc avec l’aide de Vallerstein, qui savait également l’anglais, l’allemand et le français, que nous pûmes adresser nos remercîments à notre sauveur.

Il fut convenu que, seuls, le second et le steward connaîtraient notre présence à bord.

En attendant le retour de l’équipage, composé de 8 hommes dont un 3e officier, nous nous tiendrions à l’arrière du navire ; pendant ce temps, le second coulerait l’embarcation, qui aurait pu nous compromettre, et le steward préparerait, dans une des soutes à charbon, une cachette que nous ne devions quitter qu’après le départ du pilote chargé de conduire le navire hors des récifs.

Je redescendis auprès du capitaine et lui remis, comme je m’y étais engagé, une somme de quinze cents francs en or, en réitérant notre promesse du versement de 8,500 francs à notre arrivée à Sydney, bien entendu après les délais indispensables pour nous les procurer.

A deux heures du matin, nous fûmes enfermés dans notre bienheureuse prison.

Nous étions dans un véritable trou à l’arrière du navire et avions, pour nous reposer, quelques paquets de cordages et des toiles à voiles hors de service.

Deux heures plus tard nous sortîmes un peu de notre nuit profonde ; quelques filets de lumière qui