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échanger les bons coloniaux contre une valeur équivalente en or.

Avec l’aide de Ballière et de mes ressources personnelles, nous possédions un capital de dix-huit cents francs.

Toutes les difficultés préliminaires avaient été écartées ; nous n’attendions plus que l’avis du capitaine du P. C. E.

Le mercredi soir, 18 Mars, je fus avisé que le navire appareillerait le surlendemain à 4 heures du matin. Nous devions, par conséquent, nous rendre à bord dans la nuit du 19 au 20. J’expédiai le jeudi matin, par l’entremise de Grantille, le billet donnant le jour et l’heure du rendez-vous à nos amis de la presqu’île.

Grantille serait prêt à l’heure indiquée. Ballière et moi ne changeâmes rien à nos habitudes. J’accomplis ma tâche quotidienne. Ballière continua à montrer une grande ardeur à emballer les plans de théâtre et de maison particulière, qu’il destinait à l’Exposition qui devait s’ouvrir à Sydney, le Ier mai suivant.

A sept heures nous prîmes notre repas du soir sur le balcon du restaurant Catteville. En face de nous, sous une large verandah, le directeur de la déportation et quelques officiers d’administration fumaient tranquillement leurs cigares, bien éloignés de supposer que les deux déportés qu’ils voyaient et quatre autres allaient le lendemain fuir la colonie et causer la destitution ou la révocation de la plupart d’entre eux.