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prévenir nos amis de la presqu’île et à prendre avec eux les dernières dispositions.

Je me rendis chez le directeur de la déportation et j’obtins, sans trop de difficulté, l’autorisation de me rendre à la presqu’île Ducos, toujours sous le prétexte d’y créer des relations industrielles avec Nouméa



Le jeudi 12 mars, je faillis ne pas pouvoir partir. Un cyclone était annoncé et la rade allait être interdite. Coûte que coûte je voulais ce jour-là profiter de mon autorisation, et malgré toutes les craintes exprimées je me jetai résolument avec Bastien Grantille et deux Kanaks dans notre frêle embarcation. Nous fûmes sur le point d’être noyés vingt fois. Le vent augmentait de violence de minute en minute. La mer grossissait de plus en plus et notre barque, soulevée par des vagues énormes, menaçait de sombrer à chaque instant.

Malgré nos encouragements, nos rameurs exténués voulaient nous laisser aller aux caprices de la vague. C’était courir à une mort certaine.

Nous aurions été infailliblement broyés sur les récifs qui rendent la rade si dangereuse.

Arrivés à vingt mètres de la jetée, la tempête éclata avec fureur. De gros nuages noirs s’amoncelaient sur