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fit reconnaître. Pour n’éveiller aucun soupçon, nous n’échangeâmes pas une parole. Il se contenta de faire la provision de viande fraîche pour son équipage et se retira sans paraître m’avoir aperçu.

Afin de ne rien compromettre, il fut convenu que Ballière, dont la présence sur le quai était expliquée par ses fonctions de comptable d’un marchand de bois, ce qui nécessitait son contrôle aux déchargements, servirait d’intermédiaire et, aidé de Vallerstein, répondrait aux objections que le capitaine formulerait.

Après trois jours de pourparlers, nos conditions étaient acceptées. Nous avions la parole du capitaine. Les difficultés de l’entreprise nous incombaient. Le P. C. E. était à notre disposition, rien de plus. Nous donnions notre parole que nos compagnons n’étaient pas des forçats. Nous avions, d’ailleurs, répondu aux craintes exprimées à ce sujet en affirmant que nous portions tous notre barbe — ce qui était une garantie suffisante, les condamnés aux travaux forcés étant complètement rasés.

Il restait convenu que le capitaine ferait à la direction du port les déclarations d’usage et réclamerait le pilote pour le jour fixé.

Quant à nous, la nuit du départ, nous devions, sans être vus, nous introduire à bord. Une cachette nous serait préparée dans la soute au charbon et nous devions y séjourner jusqu’à l’heure où la passe serait franchie.

L’affaire en bonne voie de ce côté, il me restait à