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il a pris des notes redoutables et a failli dévoiler les mystères du bagne, mystères aussi odieux que ceux de l’inquisition. Les terribles secrets que Roques possède doivent mourir avec lui !

Berezowski, toujours enchaîné, devenu fou par suite des mauvais traitements qui lui ont été infligés.

Henri Brissac, accouplé au plus redoutable des forçats, traînant la double chaîne, frappé sans cesse par son immonde compagnon, contre lequel il doit se défendre nuit et jour.

Mais ce n’est pas assez, Brissac ne faiblit pas : il est mourant et cependant son énergie semble grandir encore. C’est la vivante image de ce que peut la volonté humaine résistant mieux aux tortures qu’aux jouissances qui font trébucher l’humanité depuis tant de siècles.

Il faut, si c’est possible, augmenter encore les souffrances du supplicié. Un Torquemada a découvert que Brissac a été, sous l’empire, l’un des champions les plus résolus de l’abolition de la peine de mort. C’est bien. Henri Brissac sera l’aide du bourreau. Une fois ou deux par semaine il dressera cette guillotine qu’il a voulu renverser. Il résistera, soyez-en sûr, mais il faudra bien céder. Aide du bourreau ou cinquante coups de fouet. C’est l’alternative.

Sait-on ce que c’est que ce supplice sans nom — la peine du fouet ?

Pour indiscipline, pour refus de travail, pour avoir déplu à un surveillant, pour paresse ou mauvaise volonté apparente dans la tâche à accomplir,