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sur les propositions d’amnistie, que les déportés ont la nourriture des marins et des soldats.

Ce véridique ministre oubliait de dire que le déporté ne reçoit ni la ration de vin, ni légumes frais, ni le boujaron d’eau-de-vie distribués aux troupes dans les colonies ; rations indispensables pour prévenir ou combattre la dyssenterie qui a atteint presque tous les déportés et qui en a déjà enlevé un si grand nombre.

Pour tout habillement, le déporté reçoit annuellement, deux blouses et deux pantalons de toile, deux chemises et quelquefois, rarement, une paire de ces fameux souliers à semelle de carton que la guerre de 1870-71 a rendus célèbres.

Quant au logement, devons-nous en parler ? Quelques misérables huttes en planches dans lesquelles la chaleur est intolérable en été, l’humidité constante en hiver, saison de pluies torrentielles qui durent sans interruption des semaines entières.

C’est dans ces tanières de 2m,50 de largeur sur 5 mètres de longueur que doivent rester blottis, dans la mauvaise saison, dix malheureux captifs sans travail, sans livres ; la plupart manquant de quelques grammes de tabac pour tromper les ennuis de cette effroyable existence.



La lettre qui m’arrivait de la presqu’île Ducos, me détermina à faire, auprès du directeur de la