Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tation qui pouvait rendre de véritables services et leur procurer d’assez beaux résultats. L’un d’eux avait découvert, sur le territoire de la presqu’île, une terre très propre à la fabrication des briques ; la ville de Nouméa en était fréquemment privée et celles qui, parfois, lui arrivaient atteignaient un prix extravagant, bien qu’elles fussent de fort mauvaise qualité.

Dans ces conditions, mes amis me demandaient si, à Nouméa, il ne serait pas possible de se procurer le très modeste crédit nécessaire à leur entreprise. Il suffisait de quelques outils indispensables et de quelque argent pour améliorer leur ordinaire ; la nourriture par trop sommaire qui leur était distribuée les ayant épuisés à ce point, qu’ils n’avaient plus assez de vigueur pour mener à bien une installation des plus pénibles dans les conditions où ils se trouvaient placés.

En effet, la ration quotidienne et invariable du déporté se compose de 250 grammes de viande avariée ou de lard rance, 750 grammes de pain ou l’équivalent en biscuit, 100 grammes de haricots secs et 16 grammes de café. L’administration, qui distribue ces vivres crus, n’alloue au déporté ni combustible, ni substance grasse ; aussi la préparation des vivres est-elle un problème journalier, que le déporté ne résout pas toujours à la satisfaction de son estomac.

Cependant, le ministre de la marine affirmait du haut de la tribune française, lors de la discussion