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tent contre les vents et en font une petite fournaise. L’espace compris entre les trois collines Est-Nord et Ouest, a été conquis sur la mer à l’aide de remblais, et l’on ne pourrait élever de constructions sérieuses que sur pilotis enfoncés préalablement à une profondeur considérable.

Les maisons, sans étage, sont construites en bois ; les jours de coup de vent il faut les attacher à l’aide de chaînes ou de cordages pour que la ville ne se retrouve pas, le lendemain, installée à quelques lieues de là ou tout simplement au fin fond du Pacifique. L’eau y fait complètement défaut, et c’est grâce à des citernes fréquemment taries que l’on peut se procurer un peu d’une eau à peine potable. La population est composée d’environ cinq mille habitants, presque tous fonctionnaires ; gendarmes, surveillants militaires, officiers et employés d’administration, gouvernement colonial. À peine cinq cents colons se livrent-ils au commerce ou à l’industrie.

En parcourant la ville, nous sommes frappés de son aspect misérable. La rue de Sébastopol, la rue de Magenta, la rue de l’Alma, les trois rues principales, sont dans un état complet d’abandon ; les jours de pluie, la rue de l’Alma devient un véritable marais absolument infranchissable.

Le gouvernement colonial a, à sa disposition, une force considérable, près de huit mille forçats, dont le travail pourrait rendre les plus grands services. Pour leur donner de l’occupation, on s’est mis en tête de leur faire abattre une petite montagne, ressemblant