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relativement considérables à l’aide desquelles, à l’insu de la surveillance, ils pouvaient se procurer des objets de consommation sévèrement interdits par les règlements.

On peut dire que la situation d’un forçat au bagne est d’autant plus supportable et plus douce, que sa condamnation est plus grave et que les crimes qu’il a commis sont plus odieux et plus terribles.



À sa sortie du bagne, le condamné aux travaux forcés à temps doit résider dans la colonie pendant une durée égale à celle de la peine subie.

Pour le forçat libéré qui veut se réhabiliter, pour ce malheureux avide d’oubli, de relèvement et de considération, cette nouvelle situation est encore intolérable.

Partout il est accueilli avec une telle défiance, un tel mépris, une si grande haine, la vie qu’il mène ressemble si bien à celle d’un lépreux au moyen-âge, que souvent il regrette le séjour du bagne ; là, au moins, sa personnalité était morte, et il ne se voyait pas obligé, dans ce milieu, de subir la flétrissure quotidienne qui l’attend à sa sortie du bagne,