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avait pour ces derniers que ce seul avantage : c’est que, sur la demande et sous la responsabilité d’un négociant ou d’un propriétaire, ils pouvaient être autorisés à séjourner sur la grande terre, et à y vivre, dans une liberté relative, de leur travail ou de leur industrie.

Pour les condamnés à la déportation dans une enceinte fortifiée, l’autorisation ne pouvait être obtenue qu’après un séjour de cinq années à la presqu’île Ducos.

Depuis mon arrivée, j’avais été fréquemment demandé par des négociants de Nouméa, mais le gouverneur s’était toujours opposé à mon changement de résidence ; ma présence sur la grande terre, était, paraissait-il, un danger pour l’administration, et celle-ci s’était opposée de toutes ses forces à ce que je pusse bénéficier des avantages qui m’étaient réservés par ma condamnation.

Néanmoins, sur mes nombreuses protestations, le directeur de la déportation s’était décidé à me reconnaître, comme à tous mes camarades, le droit de vivre en travaillant à Nouméa, puisque j’y trouvais un négociant qui répondait de moi et devait me fournir de l’occupation.

J’allais donc faire partie des deux à trois cents privilégiés qui tentaient de se procurer dans la capitale Néo-Calédonienne, une situation un peu meilleure que celle qui leur était faite par le régime appliqué aux quatre mille déportés expédiés en Nouvelle-Calédonie.