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GEORGES RODENBACH

regrette la splendeur des paradis entrevus, pendant la rêverie des longues veillées, à travers la féerique architecture des braises incandescentes du foyer.

L’enfance de l’artiste s’est passée dans les villes mortes des Flandres, au milieu de l’atmosphère mystique de la maison paternelle, la maison ouatée de religiosité, saturée de l’odeur de l’encens et des cierges brûlant sur des autels improvisés dont se parait le grave intérieur, au mois de Marie et à la Fête-Dieu. À vingt ans, le jeune homme qui, depuis quelques années, avait terminé ses études dans un collège dirigé par des prêtres, voulut rompre le charme envoûteur dont il se sentait envahi. Il débarqua à Paris, se lança dans le mouvement intellectuel, publia ses premiers volumes, et fit partie des Hydropathes dont les habitudes contrastaient brutalement avec l’existence muette menée jusque-là par le nouveau venu.

Cette tentative d’émancipation échoua. Exilé, inquiet, assoiffé de solitude, de si-