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LES DÉCORÉS

Paris, avec une malle bourrée de manuscrits ; de nouveau, la lutte pour la conquête du pain, et, cette fois, du pain de la femme et des enfants, lutte atroce quand on ne sait se plier à aucune vilenie, quand on n’accepte pas de besogne malpropre, quand on fuit les compromissions louches, quand on se refuse à la moindre concession pour lever l’acheteur, quand on est affligé de la conscience puritaine et droite de ce naïf.

Enfin — presque malgré lui — le succès, les salamalecs des gros bonnets, les félicitations aigres-douces des camarades, les commandes de romans dans le Figaro, le Gil-Blas, l’Écho de Paris, les cauteleuses rosseries des confrères, les articles respectueusement sollicités et grassement payés, les premiers bruissements de la gloire et, tout dernièrement, un chef-d’œuvre : l’Indomptée.

Avec son teint mat, sa barbe et ses cheveux d’encre, ses yeux profonds, ses gestes secs, sa diction monocorde, la correction sévère de sa