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ANDRÉ ANTOINE

dans le moule à gaufres d’un lycée, jouissait d’une entière indépendance cérébrale ; il ne se sentait empêtré dans aucune routine, et il avait adroitement évité l’influence dévirilisante du Conservatoire, en se privant de son enseignement néfaste.

Comment, toutefois, l’ancien élève de l’école communale, obligé de gagner son pain à treize ans, l’ex-troupier qui, avant d’entrer au régiment, avait misérablement besogné chez un petit agent d’affaires, chez Didot et chez Hachette, le chétif employé de la Compagnie du Gaz qui, perdu dans Paris, ne comptait ni relations ni soutiens, ni influences, comment ce pauvre diable parvint-il à mettre, un beau soir, son nom en vedette sur l’affiche du succès ?

Oh ! mon Dieu ! c’est bien simple, la recette est infaillible, et je suis heureux de la divulguer à mes concitoyens : il suffit de se montrer exceptionnellement intelligent, d’être doué d’un flair artistique hors ligne, de posséder les