Page:Jourdain - Les Décorés, 1895.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LES DÉCORÉS

fixant sur la toile le milieu dans lequel nous vivons, se grisant de la jouissance presque physique d’exécuter un beau morceau de peinture, d’une pâte solide et d’un modelé délicat.

Encore plus que la foule, les artistes ressentent de la haine pour l’indompté qui lâche le troupeau et marche à l’écart ; aussi la docte cabale ne se gêna-t-elle pas et démontra-t-elle à l’insensé le danger de quitter les sentiers battus. Les excellents confrères inventèrent, en sa faveur, toutes les rosseries possibles. Malpropretés inutiles. Renoir continua à foncer droit devant lui, loyalement, logiquement, l’œil rivé sur un point unique, l’esprit dominé par la passion de l’art, l’absorbante et unique préoccupation de son existence, en somme.

Il y a trois ans, l’exposition de l’œuvre du peintre, chez Durand-Ruel, tourna à l’apothéose. M. Roujon, qui avait brillamment inauguré sa direction aux Beaux-Arts en accro-