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LES DÉCORÉS

Grand 7, s’est assagie, les qualités du littérateur ont, par contre, gagné, en solidité et en souplesse. En sûre possession de lui-même, Hennique a produit, entre autres, deux chefs-d’œuvre — Pœuf et La Mort du duc d’Enghien — qui présentent, sous des jours très différents, ce merveilleux tempérament d’artiste.

Un bijou, peut-être unique, que Pœuf, ce petit roman raconté par un enfant et saturé de ces impressions du premier âge si spéciales, si vagues, si ténues, si délicates, si difficiles à fixer à cause de leur éphémère fugitivité, impressions qu’aucun écrivain, même Dickens, n’a rendues avec une fraîcheur aussi naïve et une aussi stupéfiante vérité.

Quant à La Mort du duc d’Enghien, c’est une des œuvres les plus parfaites qui aient été représentées sur la scène française. Au milieu des Napoléons de pacotille dont le déballage écœurant inonde nos trottoirs, à côté du héros en stéarine dont une légende roublarde et une presse fortement appointée cherchent à redo-