Page:Jourdain - Les Décorés, 1895.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
LÉON HENNIQUE

prude et cacochyme Revue où l’auteur de Boule-de-Suif avait juré de ne jamais écrire. Céard vit de ses rentes intellectuelles ; en propriétaire cossu, il semble se désintéresser du livre, et dépense sa verve pessimiste et son ironie désenchantée dans le théâtre et la critique où il se contente d’une des meilleures places. Cyniquement, Alexis brave le ridicule de rester fidèle aux croyances de sa jeunesse, et charge Lucie Pellegrin — l’impure vestale — d’entretenir le feu du fourneau sur lequel mijote un pendant à l’inoubliable Monsieur Betsy.

Hennique, lui, en digne fils de général d’infanterie de marine, est parti à l’aventure, sans guide, sans route, sans s’inquiéter du campement laissé en arrière, son œil de myope scrutant minutieusement les dessous des passions humaines et les mystères de l’inconnu. Dégagé d’influences obsédantes, il a su acquérir une des plus curieuses personnalités de l’époque.

Si la fougue batailleuse — un peu casseuse d’assiettes — dépensée dans l’Affaire du