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LES DÉCORÉS

s’est incrusté dans le Courrier de Lyon, et s’amasser des rentes en restant à jamais « le tombeur de l’armée ».

Les nigauds qui attendaient pareille attitude de Compère Guillery — comme il signe dans Le Journal — se trompaient lourdement ; ils confondaient un fabricant de bouquins avec un homme de lettres et ne connaissaient guère le caractère loyal de cet artiste. Il suffit de voir cette moustache hérissée, cet œil perçant, ce rire en grincement de serrure rouillée, cette allure rude, cet aspect décidé, pour deviner qu’un type pareil se montrera réfractaire aux combinaisons pratiques et se moquera de l’opinion publique autant que de celle de M. Saint-Genest. Il vivrait délicieusement heureux dans une mansarde, entre sa femme et son enfant, avec cent francs par mois, pourvu qu’il lui fût loisible d’écrire ce qu’il pense et de faire de l’art à sa guise. La fortune ne tente guère ce solitaire mal apprivoisé, pour qui la cravate blanche est un supplice, qui fuit le rastaquoué-