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nombre de principes ou notions évidentes par elles-mêmes, où tous les hommes puisent les motifs de leurs jugements et les règles de leur conduite ; et rien n'est plus vrai que cette idée. Mais ce que l'on ne sait pas assez, c'est que ces principes sont tout simplement des solutions positives de tous les grands problèmes qu'agite la philosophie. Comment dirigerions-nous notreconduite et de quels jugements serions-nous capables, si nous ne pouvions distinguer le bien du mal, le vrai du faux, le beau du laid, un être d'un autre être et la réalité du néant ; si nous ne savions à quoi nous en tenir sur ce que nous voyons avec nos yeux, sentons avec notre conscience et concevons avec notre raison ; si nous n'avions aucune idée du but de cette vie et de ses conséquences, de l'auteur de toutes choses et de sa nature? Que serait le flambeau de l'intelligence et comment irait la société humaine, s'il y avait même l'ombre du doute dans les notions que nous possédons sur la plupart de ces points ? Or ces notions si fermement et si nécessairement établies dans l'intelligence de tous les hommes, que sont-elles, sinon une suite de réponses à ces questions : qu'est-ce que le vrai ? qu'est-ce que le bien ? qu'est-ce que le beau ? qu'elle est la nature des choses ? qu'est-ce que l'être ? quelle est l'origine et la certitude des connaissances humaines? quelle est la destinée de l'homme en ce monde ? toute sa destinée s'accomplit-elle en cette vie ? ce monde est-il l'ouvrage du hasard ou d'une cause intelligente ? et, nous le demandons, ne sont-ce point là toutes les questions dont la philosophie s'occupe? ne sont-ce point là, au moins dans leurs germes, toutes les questions logiques, métaphysiques, morales, politiques et religieuses ?

Le sens commun n'est donc autre chose qu'une collection