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Pendant que ces travaux s’effectuaient, les professeurs de Physique et de Minéralogie étaient en congé régulier à Paris, où ils surveillaient la construction de leurs appareils. Le doyen Dujardin était arrivé à Rennes au commencement de novembre 1840 pour assister à la séance d’inauguration de la Faculté. En passant à Paris, il avait vu Pontallié que le Maire y avait délégué pour l’achat des collections d’Histoire naturelle. Il est bien certain que cette délégation n’avait pas plu à Dujardin qui avait vu là (et il avait absolument raison) un empiétement sur ses attributions. Comme, d’autre part, Pontallié avait été candidat malheureux à la chaire donnée à Dujardin, il est possible qu’il avait quelque peu laissé percer son dépit. J’ai trouvé aux Archives municipales une lettre curieuse de Pontallié au Maire où l’on voit déjà poindre l’orage qui devait éclater en 1842, brouiller le professeur et le préparateur et amener Dujardin à abandonner ses fonctions de Doyen.

Voici une partie de cette lettre :

8 octobre 1840.

Bien que je n’aye qu’à me louer sous tous les rapports de mes relations avec M. le Doyen, je n’en suis pas moins fondé à croire qu’il n’a accepté ma coopération aux emplettes d’objets d’Histoire naturelle qu’à raison des connaissances spéciales que je puis avoir dans cette partie, et parce que, obligé de se rendre à Rennes pour son installation et peu disposé à revenir à Paris avant l’ouverture des cours, il n’était pas inutile pour lui, en sa qualité de professeur d’Histoire naturelle, d’avoir quelqu’un sur qui il pût se reposer du soin de choisir et d’acquérir ce qui le regarde exclusivement. Sans cette circonstance, la mission honorable que vous m’aviez confiée et le titre de délégué de la Ville auraient été, à ses yeux, l’une superflue, l’autre sans valeur, parce qu’il ne m’a pas laissé ignorer qu’il y aura constamment tendance de la Faculté à se soustraire à toute dépendance