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Il fut alors nommé chimiste-adjoint à la manufacture de porcelaine de Sèvres ; il se donna corps et âme à sa nouvelle fonction, où rapidement il conquit Testime de tous, si bien qu’un jour le directeur Brongniart, recevant une délégation de savants italiens, put le leur présenter en ces termes : « Voici le prince des chimistes italiens. »

Par ses recherches patientes il arriva, ce qui est une gloire i Sèvres, à produire une nouvelle couleur, un rouge œillet, dû au mélange de l’acide métastannique, de la craie et de l’oxyde de chrome.

Malaguti prit à cette époque le grade de Docteur es Sciences. Il fut chargé par Brongniart d’étudier l’Ozochérite ou cire fossile. En 1837, il publia une note sur le Rubis artificiel, une autre sur la Cystine, et, en collaboration avec Brongniart, il inaugura une série de recherches sur les Kaolins qui reçurent l’approbation universelle.

Tout en effectuant ces travaux spéciaux, Malaguti poursuivait d’importantes études sur les substitutions organiques qui donnaient alors lieu, surtout de la part de Berzélius, à d’importantes controverses et occasionnèrent des recherches capitales de Dumas ; il publia une série de notes qui définitivement attirèrent l’attention sur lui. C’est de cette période que datent ses travaux sur les éthers muciques, l’acide mucique, Véther citrique, chloro-oxalique, pyromucique, l’acide camphorique, les éthers acétique, benzoique, formique, etc., sur les amides et leurs alliés. Il prouva que la substitution du chlore à l’hydrogène avait réellement lieu atome par atome, que ces phénomènes se réduisaient à une double décomposition et que les produits de substitution étaient vraiment analogues par leur structure et leur fonction à ceux du groupe originaire.

C’est à ce moment que l’on créait la Faculté des Sciences de Rennes. Il y fut nommé Professeur de Chimie [1]. Jusque-là, Malaguti, enfermé dans son laboratoire, ne s’était fait connaître que du monde savant. Sa nomination à Rennes lui ouvre un autre horizon : il va se faire Professeur. La science n’y perdra rien, l’enseignement y gagnera tout. C’est en effet la période où il publie des travaux sur les phosphates de soude, l’acide lithophélique (en collaboration avec son préparateur Sarzeau),

  1. On a vu plus haut que Victor Cousin avait voulu nommer à Rennes des savants d’une valeur incontestable ; ainsi s’explique et se justifie le choix de Malaguti.