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Morren, né à Bordeaux le 13 mai 1804, était fils d’un officier du Génie. Il fut nommé en 18 13, grâce à l’appui de Carnot, boursier au Lycée d’Angers, où il fit toutes ses études. Au moment où il les achevait (1822), l’École Normale venait d’être fermée. Décidé à entrer dans l’enseignement, Morren accepta le titre de maître d’études au Lycée d’Angers. Lorsque l’École Normale fut rouverte, il s’y présenta, y fut reçu en 1827, et en sortit le premier en 1830, avec le litre d’agrégé ; il revint au Lycée d’Angers comme professeur de Physique. En 1838, il devint Proviseur de ce même Lycée qui l’avait vu successivement élève, maître et professeur. En 1841, il fut nommé, à Rennes, professeur de Physique en remplacement de M. de la Provostaye, puis, i la fin de 1842, il succéda à Du jardin comme Doyen de notre Faculté des Sciences.

Le souvenir de son enseignement n’est point encore effacé. Cependant malgré son succès, il quitta Rennes en 1854, à la suite d’une difficulté avec l’Évêché, pour aller prendre les fonctions de Doyen à la Faculté des Sciences de Marseille que l’on venait de créer.

C’est là qu’il est mort, le 26 octobre 1870. Sa santé avait été fortement ébranlée par les malheurs qui fondirent sur la France dés les débuts de la guerre. Le fils du vieil officier était atteint du même coup qui frappait la Patrie ; il était seul dans son laboratoire lorsqu’il poussa un cri qui fit accourir son préparateur ; quand on le transporta chez lui, il avait cessé de vivre.

Les travaux de Morren lui donnent des droits à une place honorable parmi les physiciens.

Il a déterminé pour divers gaz la pression correspondante à la moindre résistance à la décharge électrique ; il a montré les différences très grandes qui existent à ce sujet entre les différents corps. Morren a étudié les spectres des hydrogènes carbonés et celui du cyanogène en combustion sous l’action d’un courant d’oxygène. Il a mis aussi en évidence tous les caractères du spectre du carbone qu’il a décrit avec beaucoup d’exactitude.

Il a montré que l’oxygène pur ne reste pas lumineux après le passage des étincelles électriques, mais qu’il faut avec lui un autre gaz pour obtenir une émission de lumière.