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être une grande cantatrice ; dans la couleur, pour être un grand peintre ; dans les sons, pour être un grand musicien, et dans les mots, pour être un grand écrivain ; mais il faut que cet enthousiasme soit caché et presque insensible : c’est lui qui fait ce qu’on appelle le charme.

Il y a deux sortes de génie : l’un qui pénètre d’un coup d’œil ce qui tient à la vie humaine ; l’autre, ce qui tient aux choses divines, aux âmes. On n’a guère le premier pleinement et parfaitement, sans avoir aussi quelques parties du second ; mais on peut avoir le second sans le premier. C’est que les choses humaines dépendent des choses divines, et y touchent de toutes parts, sans qu’il y ait réciprocité. Le ciel pourrait subsister sans la terre, non la terre sans le ciel.

Buffon dit que le génie n’est que l’aptitude à la patience. L’aptitude à une longue et infatigable attention est en effet le génie de l’observation ; mais il en est un autre, celui de