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y ait de l’homme ; il faut que la pensée et l’émotion propres de celui qui parle se fassent sentir. C’est l’humaine chaleur et presque l’humaine substance qui prête à tout cet agrément qui nous enchante.

L’enthousiasme est toujours calme, toujours lent, et reste intime. L’explosion n’est point l’enthousiasme, et n’est pas causée par lui : elle vient d’un état plus violent. Il ne faut pas non plus confondre l’enthousiasme avec la verve : elle remue, et il émeut ; elle est, après lui, ce qu’il y a de meilleur pour l’inspiration.

Boileau, Horace, Aristophane, eurent de la verve ; La Fontaine, Ménandre et Virgile, le plus doux et le plus exquis enthousiasme qui fut jamais. J-B Rousseau eut plus de verve que Chaulieu, et Chaulieu plus d’enthousiasme que Rousseau. Quant à Racine, ce n’est pas là ce qui le distingue : il eut la raison et le goût éminemment. Dans ses ouvrages, tout est de choix, et rien n’est de nécessité.

C’est là ce qui constitue son excellence.

Il faut de l’enthousiasme dans la voix, pour