L’une s’élance en sautant ; l’autre procède avec mesure. L’une est plus brillante ; l’autre plus harmonieux. La verve est une passion, une impulsion, un besoin : elle cherche à se contenter.
Le goût est un sentiment : il voudrait plaire à tout le monde.
Naturellement l’âme se chante à elle-même tout ce qu’il y a de beau, ou tout ce qui semble tel. Elle ne se le chante pas toujours avec des vers ou des paroles mesurées, mais avec des expressions et des images où il y a un certain sens, un certain sentiment, une certaine forme et une certaine couleur qui ont une certaine harmonie l’une avec l’autre, et chacune en soi. Quand il arrive à l’âme de procéder ainsi, on sent que les fibres se montent et se mettent toutes d’accord. Elles résonnent d’elles-mêmes et malgré l’auteur, dont tout le travail consiste alors à s’écouter, à remonter la corde qu’il entend se relâcher, et à détendre celle qui rend des sons trop hauts, comme sont contraints de le faire ceux qui ont l’oreille délicate, quand ils jouent de quelque harpe. Ceux qui ont produit quelque pièce de ce genre m’entendront bien,