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la vivacité et la rapidité des aperçus. Ce n’est pas là ce que le génie poétique a de plus beau.

Un œil contemplatif a un caractère plus céleste qu’un œil perçant.

Comme il y a des vers qui se rapprochent de la prose, il y a une prose qui peut se rapprocher des vers. Presque tout ce qui exprime un sentiment ou une opinion décidée, a quelque chose de métrique ou de mesuré. Ce genre ne tient pas à l’art, mais à l’influence, à la domination du caractère sur le talent.

Quand la pensée fait le mètre, il faut le laisser subsister, et il y a quelquefois, dans tel écrivain, des phrases qui ne sont insupportables que parce que sa pensée faisant le mètre, sa diction ne le fait pas.

Il faut aux phrases leur nombre, leur mesure et leur poids. Ces conditions réunies font seules un ensemble parfait.

Lorsque le langage, dans les livres, n’a pas