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idées sur l’esprit, en leur donnant à la fois une force physique et une force intellectuelle.

Il faut, dans les comparaisons, passer du proche au loin, de l’intérieur à l’extérieur, et du connu à l’inconnu. Il ne suffit pas en effet qu’elles soient justes, il faut encore qu’elles soient claires, et elles ne peuvent le devenir que lorsque l’objet auquel on compare est plus familier, plus apparent que l’objet comparé.

La figure qui résulte du style, doit entrer dans l’esprit tout à coup, et tout entière, dès qu’elle est achevée. Ce qui en reste dans le livre, sans s’en détacher de lui-même, pour s’appliquer au souvenir, est un défaut, quelque limé que cela soit, et quelque achevé que cela paraisse d’abord.

Lorsqu’au lieu de substituer les images aux idées, on substitue les idées aux images, on embrouille son sujet, on obscurcit sa matière, on rend moins clairvoyants l’esprit des autres et le sien.