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de la vérité, que souvent on la prend pour elle.

Les idiotismes semblent, par leur familiarité même, témoigner une plus grande sincérité.

Ils plaisent parce qu’ils montrent encore plus l’homme que l’auteur. Mais ils doivent se placer dans le style, comme des plis dans une draperie ; des largeurs autour d’eux peuvent seules les excuser.

Le style boursoufflé fait poche partout ; les pensées y sont peu attachées au sujet, et les paroles aux pensées. Il y a entre tout cela de l’air, du vide, ou trop d’espace. L’épithète boursouflé, appliquée au style, est une des plus hardies, mais des plus justes métaphores qu’on ait jamais hasardées. Aussi tout le monde l’entend, et personne ne s’en étonne. Le style enflé est autre chose. Il a plus de consistance que l’autre, il est plus plein ; mais sa plénitude est difforme, ou du moins excessive. Il est trop gros, ou trop gras, ou même trop grand.

Il est tel auteur qui commence par faire